Médailles CNRS 2025 : six acteurs de recherche de la délégation Ile-de-France Meudon mis à l'honneur
Chaque année, le CNRS récompense les femmes et les hommes qui contribuent de manière exceptionnelle au dynamisme et à la renommée de l'institution. Les lauréats viennent d'être annoncés et cette année, ce sont deux médailles d'argent, trois médailles de bronze et un cristal qui ont été décernées à des personnels de la délégation Ile-de-France Meudon. Les lauréats et lauréates recevront leur distinction en fin d'année au cours d'une cérémonie officielle.
Au titre de l'année 2025, la Médaille d'Argent sera attribuée à Muriel Darmon, directrice de recherche en sociologie de la socialisation, et Anne-Lise Giraud, directrice de l'Institut de l'audition et de l'Institut hospitalo-universitaire reConnect spécialisé en neurosciences du langage.
Nicola Festuccia, chercheur spécialiste du développement embryonnaire, Marion Maisonobe, chargée de recherche en géographie des sciences et Gérôme Truc, chargé de recherche en sociologie des attentats se verront décerner la Médaille de Bronze du CNRS.
Enfin, la Médaille de Cristal du CNRS sera remise à Cyril Frésillon, photographe et réalisateur de reportages photographiques pour CNRS Images.
Directrice de recherche CNRS au Centre européen de sociologie et de science politique (CESSP, CNRS / EHESS / Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne), Muriel Darmon développe une sociologie de la socialisation, centrée sur les processus de transformation individuelle et l’interaction entre dispositions acquises et institutions. Ses travaux combinent analyse théorique et terrains empiriques variés. Son enquête sur les parcours post-AVC, publiée en 2021, explore les réapprentissages neurologiques des patients dans des contextes hospitaliers. Elle est aujourd’hui co-responsable du projet ERC Synergy GENDHI (2020-2027) qui examine l’articulation entre genre, classe et santé. En mobilisant des méthodes pluridisciplinaires, ce projet étudie notamment des pathologies spécifiques (maladies cardio-vasculaires, cancer, dépression, Covid), mettant en lumière les déterminants sociaux de la santé, du berceau à la tombe.
Anne-Lise Giraud explore la mécanique cérébrale intime qui sous-tend le langage. Spécialiste des oscillations neuronales, elle a montré que notre cerveau traite la parole en suivant des rythmes internes qui découpent, encodent et synchronisent les sons pour en extraire du sens. À la croisée des électro- et magnéto-encéphalographies, de la modélisation computationnelle et de la clinique, ses travaux ont renouvelé la compréhension de troubles du langage observés dans l’autisme ou encore la dyslexie. Aujourd’hui directrice de l’Institut de l’audition (CNRS/Inserm/Institut Pasteur) et de l’Institut hospitalo-universitaire reConnect, elle développe des stratégies atypiques de réhabilitation, basées sur l’utilisation de la neurostimulation ciblée ou des interfaces cerveau-machine. Qu’il s’agisse de décoder la parole interne ou de restaurer la lecture chez des enfants dyslexiques, sa recherche suit une trajectoire exigeante, allant du neurone au soin — avec toujours la même question en ligne de mire : comment le cerveau transforme-t-il le son en sens ?
La médaille d'Argent distingue des chercheurs et des chercheuses pour l'originalité, la qualité et l'importance de leurs travaux, reconnus sur le plan national et international.
Au Département de biologie du développement et cellules souches (CNRS/Institut Pasteur) , Nicola Festuccia remonte le fil du développement embryonnaire. En particulier, il veut comprendre comment les cellules souches gardent leur capacité à devenir n’importe quelle cellule du corps — ou au contraire, s’engagent peu à peu vers une spécialisation. Au cœur de ses recherches : les rouages intimes qui contrôlent l’activité des gènes dans les toutes premières heures de l’embryon. Fasciné par la totipotence, cet état initial où la cellule peut encore tout devenir, il explore les transitions qui mènent de la totipotence à la pluripotence, puis à la spécialisation chez la souris. Ses travaux ont notamment mis en lumière le rôle clé de deux gènes : Esrrb et Nr5a2, qui codent pour des facteurs de transcription agissant comme de véritables chefs d’orchestre du destin cellulaire. Une recherche fondamentale guidée par la curiosité et l’envie de comprendre les bases du vivant. Un premier pas potentiel vers la médecine du futur.
Chargée de recherche CNRS depuis 2019, affectée au laboratoire Géographie-Cités (CNRS / EHESS / Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne / Université Paris Cité) au sein de l’équipe PARIS (Pour l'Avancement des Recherches sur l'Interaction Spatiale), Marion Maisonobe sonde la dynamique des réseaux de chercheuses et de chercheurs dans différents domaines, et leurs effets sur l’urbanisation, les relations internationales, l’organisation des politiques scientifiques nationales. Ses recherches s’inscrivent dans les champs de la géographie des sciences et de la « scientométrie spatiale », des domaines en émergence portant sur la dimension spatiale de la production et la diffusion des savoirs scientifiques. Elle a, plus récemment, investi la question des sciences de terrain et des sciences de l’environnement. Ses travaux, qui contribuent au renouvellement des objets de l’analyse spatiale, mettent ainsi à jour la façon dont les activités de collaboration scientifique se déploient entre villes et contribuent à dynamiser les échanges interurbains.
Gérôme Truc, chargé de recherche CNRS au sein de l’Institut des sciences sociales du politique (ISP, CNRS / ENS Paris-Saclay / Université de Nanterre), étudie les réactions aux attentats dans les sociétés occidentales et leur mémorialisation. Après s’être d’abord penché sur les réactions suscitées en Europe par les attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis, du 11 mars 2004 à Madrid et du 7 juillet 2005 à Londres, il s’est concentré sur les attentats qui ont frappé la France en 2015-2016. Engageant de nombreuses collaborations, en France et à l’étranger, ses travaux éclairent le contenu des mémoriaux éphémères qui se forment en hommage aux victimes, le traitement médiatique de ces événements et les réactions qu’ils suscitent dans différents milieux sociaux et en ligne, sur les réseaux sociaux. Il étudie aussi la façon dont leur mémoire évolue au fil du temps, notamment dans le cadre du Programme interdisciplinaire 13-Novembre, qu’il a contribué à lancer. Depuis le début de sa carrière, il poursuit ainsi un travail de collecte et d’exploitation de données pour prolonger un sillon déjà profond.
La médaille de Bronze récompense les premiers travaux de chercheuses et chercheurs reconnus dans leur domaine scientifique.
Photographe et réalisateur de reportages photographiques pour CNRS Images depuis plus de 15 ans, Cyril Frésillon a été récompensé cette année par une médaille de cristal du CNRS. Ses travaux, œuvrant pour la valorisation de la recherche scientifique, ne comptent pas moins de 250 reportages incluant 11 000 photographies. Réalisées avec technicité et authenticité, ses images sont disponibles sur le site CNRS Images, le Journal du CNRS, la revue Carnets de science, les réseaux sociaux ainsi que sur des médias généralistes français et internationaux.
Le travail de ce photographe passionné se distingue par l’importance des relations humaines tant il fait le lien entre scientifiques, services de communication et institutions de médiation et le grand public. Ce prix souligne au même titre son large champ d’action car rares sont les disciplines qui ont échappé à son regard d’expert. De la rencontre avec une momie copte au Musée des Beaux-Arts de Dunkerque, à la réalisation d’un diaporama sur les prouesses de scientifiques pour améliorer les capacités sportives en passant par des missions lointaines témoignant du changement climatique, Cyril Frésillon a plus d’un tour dans son sac. Portrait.
La médaille de Cristal distingue des femmes et des hommes, personnels d'appui à la recherche, qui par leur créativité, leur maîtrise technique et leur sens de l'innovation, contribuent, aux côté des chercheuses et des chercheurs, à l'avancée des savoirs et à l'excellence de la recherche française.
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Muriel Darmon, le développement d'une sociologie de la socialisation
Anne-Lise Giraud, un parcours aux rythmes du langage
Nicola Festuccia, au cœur des décisions des cellules souches embryonnaires
Marion Maisonobe, la dynamique des activités scientifiques