© Sabrina Nehmar

Marion MaisonobeGéographie des sciences

Médaille de bronze du CNRS

Chargée de recherche CNRS depuis 2019, affectée au laboratoire Géographie-Cités (CNRS / EHESS / Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne / Université Paris Cité) au sein de l’équipe PARIS (Pour l'Avancement des Recherches sur l'Interaction Spatiale), Marion Maisonobe sonde la dynamique des réseaux de chercheuses et de chercheurs dans différents domaines, et leurs effets sur l’urbanisation, les relations internationales, l’organisation des politiques scientifiques nationales. Ses recherches s’inscrivent dans les champs de la géographie des sciences et de la « scientométrie spatiale », des domaines en émergence portant sur la dimension spatiale de la production et la diffusion des savoirs scientifiques. Elle a, plus récemment, investi la question des sciences de terrain et des sciences de l’environnement. Ses travaux, qui contribuent au renouvellement des objets de l’analyse spatiale, mettent ainsi à jour la façon dont les activités de collaboration scientifique se déploient entre villes et contribuent à dynamiser les échanges interurbains.

À la croisée de quatre axes principaux — la géographie des activités de recherche, l'étude des réseaux et des échanges mondiaux, la critique des sources bibliométriques, et la mise à disposition d'outils d'analyse —, les recherches de Marion Maisonobe portent sur l'émergence de collectifs savants, les logiques spatiales de sociabilité, les dynamiques de coopération, et les circulations transnationales. « Mon travail de recherche vise une meilleure compréhension de la spatialité des phénomènes sociaux et des liens qui s’établissent entre différents lieux à l’échelle mondiale. Il met en évidence des configurations du monde et des échanges mondiaux spécifiques à certaines activités humaines ». 

Après un parcours en sociologie et en aménagement du territoire, Marion Maisonobe soutient, en 2015, sa thèse sur la géographie mondiale des activités scientifiques. Elle relève alors une diversification croissante des lieux de production scientifique entre les années 1970 et 2010.  

« Contrairement aux idées reçues, la taille des villes n'influence pas la productivité scientifique. Collaborer en science c’est aussi favoriser la circulation des savoir-faire, des données et des idées ».

Depuis 2018, elle pilote le développement de l'application NETSCITY, qui permet d'explorer les dynamiques scientifiques à travers de grands corpus de données bibliographiques. Suivant une démarche de science ouverte, cette applicationrend accessibles les méthodes de localisation des données de publication pour cartographier la production et les collaborations scientifiques.

Au-delà de la géographie des sciences, Marion Maisonobe s'intéresse à la diffusion des innovations et aux circulations culturelles. Elle dialogue ainsi avec « des domaines aussi divers que les sciences arctiques, la chimie verte, la phycologie ou la biologie moléculaire ». Au sein de son laboratoire, elle est membre d'un projet1  qui étudie la spécificité des écoutes de musique dans les territoires d'outremer. Dans le cadre d'une recherche collaborative avec l'université d'Edimbourg et l'université de Bretagne Occidentale, elle travaille actuellement à cartographier et comparer les dynamiques de collaborations scientifiques dans les stations de biologie marines des petites villes de Roscoff et d’Oban en Écosse. « Nous avons d’ailleurs monté, avec un chorégraphe, une conférence dansée adressée au grand public qui porte sur le sujet des collaborations scientifiques sur les algues "Ectocarpus: when seaweed meets dance" ».

Elle est aussi membre de comités de revues et co-dirige l’épirevue ARCS : analyse de réseaux pour les sciences sociales et la revue d’articles computationnels RZINE.

« La géographie des sciences est une spécialité émergente. Cette médaille pourrait être l’occasion de faire connaître ce champ de recherche et de montrer, avec les dangers qui menacent les systèmes scientifiques nationaux de plusieurs pays, qu’elle a aujourd’hui toute son importance et sa raison d’être ».