COVID-19 un an après : mobilisation générale au CNRS Ile-de-France Meudon

CNRS Info Institutionnel

Le CNRS a pesé dans la recherche pluridisciplinaire mondiale autour du COVID-19 et a permis d’éclairer les décisions publiques. Plus d'un an après le début de la crise sanitaire, le CNRS revient sur certains projets de recherche des laboratoires ainsi que sur les actions de communication – articles, podcasts, vidéos, listes d’experts et expertes – mises en œuvre pour accompagner la compréhension de cette période particulière.

« Face aux questions suscitées par la crise, la richesse du CNRS est d’avoir des experts et expertes dans tous les domaines », assure Alain Schuhl, directeur général délégué à la science du CNRS. Dès les premiers jours, l’organisme a ainsi mobilisé toutes ses disciplines, ses ressources et instruments pour apporter des pistes sur les crises liées à une pandémie en constante évolution. En accompagnant et finançant des études inédites, en organisant les communautés, il s’est efforcé de former une première ligne de défense scientifique, en France.

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Focus sur les recherches locales

L’immunité innée est le composant le plus rapide du système immunitaire. Quelques heures après une infection, l’organisme émet un signal d’alarme (l’interféron) permettant aux cellules non encore infectées de fabriquer des protéines antivirales. Ce phénomène a lieu bien avant la production d’anticorps neutralisants. Des chercheurs de l’unité mixte de recherche Virologie ont étudié le fonctionnement de la cellule, et le rôle antiviral de l’immunité innée. Une question complétée par d'autres recherches au sein de cette unité, en effet, des chercheurs de l'unité Virologie ont rejoint une équipe internationale pour travailler sur certains coronavirus mortels (SARS-CoV-2, SARS-CoV-1 et MERS-CoV), afin d’identifier leurs voies cellulaires détournées communes, qui s'avèrent être des cibles prometteuses pour leur inhibition. De leur côté, les chercheurs du laboratoire Génomique évolutive, modélisation et santé (GEMS) ont exprimés les difficultés de s’appuyer sur le nombre total de mort pour comparer le niveau de circulation du virus dans différents pays, notamment en raison de disparités importantes des taux de décès par Covid-19 signalés dans les populations âgées. En ce qui concerne l'Organisation mondiale de la santé, au début de l’épidémie de Covid-19, sa gestion de la crise a été largement critiquée. La politiste Auriane Guilbaud du Centre de Recherches Sociologiques et Politiques de Paris (CRESPPA) a apporté un éclairage sur le sujet dans un Podcast du CNRS. De la même manière, l'exode des parisiens lors du premier confinement a suscité de nombreuses réactions, le phénomène a été abordé par Stéphanie Vermeersch du Laboratoire Architecture Ville Urbanisme Environnement (LAVUE). Au-delà de l'aspect sanitaire, la pandémie de coronavirus (SRAS-CoV-2) a démontré à quel point les pays sont interdépendants, alors que le virus se propage au gré des mouvements internationaux de personnes ; quelques éléments de réponse sur les conséquences économiques de ce phénomène apporté par Ariell Reshef du Centre d'Économie de la Sorbonne (CES).

Parallèlement, l'ANR publie le panorama [pdf] des projets de recherche financés de mars 2020 à janvier 2021. Sur les 234 projets sur cette période, 11 émanent d'unités de recherche du territoire Ile-de-France Meudon du CNRS.

Projet CoronaMito

Le projet CoronaMito étudie l’impact de l’infection par le SARS-CoV-2 sur le remodelage morphologique et l’activité des mitochondries. Les expériences préliminaires montrent que l’infection virale provoque la fragmentation mitochondriale et la mort cellulaire. Le projet s’attachera à découvrir les mécanismes moléculaires sous-jacents et à déterminer les conséquences fonctionnelles du remode­lage des mitochondries sur l’homéostasie et le métabo­lisme cellulaires, la propagation virale et les réponses immunitaires innées. Il devrait permettre une meilleure compréhension des interactions entre le SARS-CoV-2 et les mitochondries.

Par l'unité Virologie

Projet PDZCov2

Dans le projet PDZCov2 les interactions entre la protéine E et les protéines humaines à domaine PDZ, sont identifiées et caractérisées afin de préciser le rôle de ces interactions dans des cellules infectées par le SARS-CoV-2. Pour cela un criblage haut-débit de la libraire complète des PDZs humains sera réalisé in vitro et en cellule. Une approche de biologie structurale intégrative déterminera les propriétés fonctionnelles et structurales de la protéine E en interac­tionavec des domaines PDZ sélectionnés, puis la rele­vance biologique des protéines sélectionnées sera évaluée dans des cellules infectées par le SARS-CoV-2. L’identifica­tion des partenaires cellulaires de la protéine E et la carac­térisation structurale de leurs interactions aideront à concevoir des molécules capables de dissocier les interac­tions de la protéine E avec les protéines humaines fournis­sant ainsi de potentiels candidats antiviraux.

Par l'unité Gènes, synapses et cognition

Projet PROTEO-SARS-CoV-2

Dans le projet PROTEO-SARS-CoV-2 des approches de protéomique pour étudier la physiopathogénie du virus SARS-CoV-2 seront utilisées pour caractériser les proté­ines, leurs interactions et leurs modifications post-traduc­tionnelles qui sont importantes pour l’infection. Cette approche protéomique innovante permettra d’étudier le SARS-CoV-2 en ciblant ses protéines mais aussi celles de l’hôte. Cette étude contribuera à la compréhension des mécanismes infectieux mais aussi à mettre en évidence des protéines ou des voies cellulaires pouvant constituer des cibles thérapeutiques potentielles.

Par l'unité Spectrométrie de masse pour la biologie (MSBio)

Projet DARWIN

L’identification de cibles thérapeutiques est indispensable pour aider au traitement des formes les plus sévères de la COVID-19. Le projet DARWIN propose d’identifier les inte­ractions entre SARS-CoV-2 et les protéines humaines impliquées dans les réponses immunitaires antivirales et inflammatoires. Il dressera un réseau exhaustif des inte­ractions incluant des cibles thérapeutiques potentielles, et ouvrira ainsi de nouvelles voies de traitements. Afin de faciliter un transfert rapide vers la clinique, un intérêt par­ticulier sera porté aux médicaments déjà munis d’une autorisation de mise sur le marché.

Par l'unité Virologie

Projet COVIMUNE

Le projet COVIMUNE étudie la réponse des lymphocytes T et leur rôle dans la présence des profils cytokines délétères lors de l’infection. Il permettra de caractériser l’activation des lymphocytes T en présence de CMH-antigène viral, leur polarisation après stimulation et le profil cytokinique généré par ces cellules. Il va également explorer les voies moléculaires sous-jacentes impliquées.

Par l'unité Génomique évolutive, modélisation et santé (GEMS)

Projet COVID-19-POPCELL

Le projet COVID-19-POPCELL étudie les mécanismes impliqués dans la variabilité de la réponse immunitaire à l’infection par le SARS-CoV-2. Cette étude identifiera des acteurs cellulaires majeurs de la réponse immunitaire au SARS-CoV-2, ainsi que les déterminants génétiques et les mécanismes moléculaires qui sous-tendent les diffé­rences de réponse immunitaire entre individus suivant les origines ethniques.

Par l'unité Génomique évolutive, modélisation et santé (GEMS)

Projet SUD-COVID-G4

Le projet SUD-COVID-G4 recherche des inhibiteurs de l’in­teraction de la protéine Nsp3 de SARS-CoV-2 avec des quadruplexes de guanine (G4) formés dans les ARN cellu­laires des cellules infectées. Les motifs G4 présents dans les ARNs cellulaires interagissant avec le domaine SUD de Nsp3 seront recherchés et ensuite utilisés pour cribler des molécules qui interagissent avec les G4 afin d’empêcher l’interaction avec le domaine SUD. Les propriétés antivi­rales de ces molécules seront testées.

Par l'unité de Chimie organique (UCO)

Projet IDISCOVR

Le projet IDISCOVR vise à mieux comprendre les interac­tions moléculaires entre le SARS-CoV-2 et les cellules hôtes lors de l’infection avec pour objectif final d’identifier de nouvelles cibles cellulaires dans le cadre d’intervention préventive ou thérapeutique contre l’infection par le SARS-CoV-2. En utilisant des criblages génétiques et des expériences de spectrométrie de masse, les facteurs cellu­laires qui sont essentiels à l’infection seront identifiés. Les interactions entre le virus, la réponse immunitaire de l’hôte, et en particulier les protéines antivirales telles que celles codées par les gènes stimulés par l’interféron (ISG) seront étudiés.

Par l'unité Virologie

Projet PED-COVID_Infect

Le projet PED-COVID_Infect combine des approches viro­logique, sérologique et métagénomique, pour mesurer d’une part l’infectiosité du SARS-CoV-2 dans une cohorte d’enfants paucisymptomatiques et leurs parents et d’autre part, évaluer comment la durée et l’intensité de l’excrétion virale infectieuse sont modulées par l’interférence liée à des coinfections virales et immunitaires dans la popula­tion pédiatrique, en comparaison aux adultes.

Par l'unité Virologie

Projet Co-vi-co

Le confinement a suscité une hausse des violences conju­gales. Par leur dimension spatiale, les différentes mesures de lutte contre l’épidémie ont contribué à renforcer le contrôle spatial qu’exercent les hommes violents sur leurs conjointes. Le projet Co-vi-co propose une étude en 3 temps : recueil de récits de victimes de violences et de surveillance conjugales ; analyse des politiques publiques (possibilité de dénoncer les violences dans les pharmacies ou dans les centres commerciaux, isolement des agres­seurs) et de leur articulation avec les associations d’aide aux victimes et les acteurs de la société civile ; enquête quantitative sur la mobilité des femmes subissant un contrôle spatial de leur conjoint.

Par le laboratoire d'études de genre et de sexualité (LEGS)

Projet ECOVID-19

Le projet ECOVID-19 conduit une analyse cout-efficacité des politiques publiques mises en oeuvre durant l’épidé­mie en France à partir de la comparaison de trois mesures : confinement, test et gestes-barrières. Un modèle théo­rique de diffusion de la maladie sera construit et testé en fonction des variations des mesures politiques et du moment de leur mise en oeuvre. Les données épidémiolo­giques issues de trois cohortes (cohortes de patients infec­tés et cohortes de cas-contact gérées par Santé publique France et REACTing en partenariat avec l’INSERM) seront combinées avec les données sur les fermetures des écoles, les limitations des transports, les annonces des mesures publiques et les campagnes d’information relayées sur Twitter.

Par le Centre d'économie de la Sorbonne (CES)